Existait-il une méthode de contraception au moyen age ?

Dans un monde dominé et jugé par les hommes, les femmes étaient souvent à leur merci. Et si elles ne voulaient pas d’enfant ?

Avant le XI siècle

« Dans les régions encore peu christianisées, des femmes ont exercé, au su de tous, une fonction magico médicale, en utilisant des herbes et des potions abortives et contraceptives. » (1)

Dès la réforme grégorienne (XIe siècle)

Ce savoir est contraint à la clandestinité, mais ne disparaît pas.
De plus,
Pour l’Église, engendrer des enfants est le seul et unique but du mariage. S’y opposer est un péché. Avorter, un crime.
Soit.
Mais certaines femmes ne souhaitent pas concevoir, et elles vont tenter des méthodes contraceptives ou abortives. Et cela malgré la peur : les sanctions de l’Église peuvent aller jusqu’à la peine de mort. « Sauf, si la femme est pauvre et démunie. Dans ce cas, elle ne sera pas exécutée », précise l’évêque Burchard de Worms, qui parle dans ses textes : « de breuvages que les dames prennent… »
Potions à base d’armoise*, de graines de moutarde, d’hellébore… Mais ont-elles été efficaces ?

Au XIVe siècle,

Dans le registre du terrible, cruel et zélé inquisiteur Jacques Fournier qui deviendra le pape Benoit XII, on peut lire comment l’amant d’une certaine châtelaine s’y prenait pour que sa douce n’ait aucune crainte d’enfanter : il enveloppait une herbe aux propriétés contraceptives dans un linge et l’accrochait sur un fil qu’il passait autour du cou de sa dulcinée.
Je vous laisse juger de l’efficacité de la méthode.

Et les hommes, ils ne font rien ?
Ils connaissent le coïtus interruptus, déjà décrit au XIIe siècle par André le Chapelain, dans son De amore : « les amants veulent se baiser sans outrecouler ». Mais, les clercs le classaient dans la catégorie des actes contre nature. Alors, a-t-il été pratiqué ? Qui peut le dire ?
Mais ces messieurs peuvent aussi proposer aux femmes, et ce, dans tous les milieux, la sodomie hétérosexuelle n’impliquant pas forcément la pénétration anale… Pas besoin de vous préciser que cette forme de contraception était l’une des plus condamnées.

En 1353, une ordonnance du roi Jean le Bon interdit aux apothicaires de vendre ou donner « aucune médecine venimeuse, périlleuse ou qui puisse faire avorter ».

Mais l’avortement, ça ne se faisait  pas ?

En cachette, bien sûr. Vous aviez le choix entre :
1) Les potions à bases de plantes abortives (Ruta graveolens…).
On trouve dans les herbiers médiévaux, cette jolie phrase : Les drogues font « revenir les fleurs »…

Mais

On peut aussi utiliser une technique un peu moins  » délicate  » :

b) Les coups. Les chocs, les compressions de vêtements pour étouffer le fœtus dans le ventre…

Et si toutes ces méthodes rataient ?

Restait l’abandon du bébé, au mieux aux portes d’un couvent ou d’un monastère.

 

(1) Source : La femme, de jean Verdon.
La sexualité, de Jacques Rosiaud.

Pour en savoir plus sur la femme au moyen âge :
Trotula de Salerne ( rubrique : autour de jean l’Effrayé)
Le test du loquet ( rubrique : Ce soir, une histoire)
Le lien entre l’absinthe, l’estragon et une déesse ( rubrique : autour de la nature )

 

Prochainement,

nous parlerons de la sexualité au moyen âge. Vaste sujet qui vous réserve des surprises.

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6 commentaires

    • Exact. Il en existe depuis l’antiquité, en lin, en soie, en boyau etc… Au moyen âge, il y en avait certainement. mais étaient-ils couramment utilisés ? J’avoue ne pas mettre penché sur cette question. C’est à étudier. Peut-être un prochain article…

  1. Merci pour tous ces articles. Je fais partie d’une troupe de reconstitution (XIVeme siecle) dans le sud ouest et je glane un peu partout de nouvelles informations.

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