L’absinthe, l’estragon et la déesse

Cette déesse est une « chienne » pour les hommes

 Artémis, l’absinthe et les génépis ? …  L’estragon et l’armoise commune ?

Oui, oui. Il existe un lien.
Eh bien, toutes ces plantes portent le nom latin d’Artemisia.
— C’est cool. Bye bye, dites-vous.
— Non ! Attendez ! Ne zappez pas !

La déesse Artémis était une « chienne » avec les hommes.

Et en Orient, c’était la maîtresse des Amazones, ces sauvageonnes qui persécutaient les mâles.
— C’est quoi ici ? Un site sexiste ? Féministe ? me demandez-vous.
— Pas du tout. Nous, on les aime bien les hommes, c’est Artémis qui les déteste. Et les Artemisia, plantes-cadeaux de la déesse, protègent la femme.

Des herbes criminelles ! hurlait l’Église.

L’armoise, disait-on, facilitait les accouchements ou régularisait le cycle menstruel. L’absinthe provoquait les règles lorsqu’elles ne venaient pas. Et si elles tardaient… on savait pourquoi.
En fait, personne ne l’avouait, mais l’armoise et l’absinthe étaient utilisées comme abortives… Leur usage était donc formellement interdit.
« Ce sont des herbes criminelles ! », criait l’Église. Et les femmes, qui prenaient ces plantes, craignaient les dénonciations… Et Dieu sait, si des yeux épiaient, furetaient…

Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen, Public domain, via Wikimedia Commons
ARMOISE COMMUNE – Franz Eugen Köhler, Köhler’s Medizinal-Pflanzen, Public domain, via Wikimedia Commons

Allez ! Un p’tit coup d’absinthe pour s’libérer des vers.

On l’entend toujours cette phrase… mais, n’appelle-t-on pas en anglais, l’absinthe, worm wood, bois à vers ?
Une autre propriété médicinale de cette plante ?

Pas vraiment.

Ne s’agit-il pas, une nouvelle fois, d’expulser un corps indésirable ?
Le vermifuge par excellence, est le Semen contra (Artemisia cina), armoise qui pousse dans les steppes, entre la Caspienne et la mer d’Aral. Mais seuls les homéopathes l’utilisent de nos jours, car non fortement dilué, il provoque des spasmes, vertiges, hallucinations, voire des délires.

Et pour ces dames, une armoise sur le poulet et dans la béarnaise !

Cette armoise-là n’est autre que l’estragon (Artemisia dracunculus), arrivé chez nous au XVIe siècle.
Mais déjà,
Au XIIIe siècle, les Maures la considèrent comme une herbe médicinale exceptionnelle : elle excitait les humeurs, tonifiait l’estomac et le cœur, et faisait venir « le mois aux femmes ». Mais c’est surtout pour eux, un antidote contre le venin des serpents. Dracunculus signifie d’ailleurs : petit dragon ou petit serpent.
Avez-vous noté quelque chose ?
On retrouve encore la même intention en utilisant cette plante : se débarrasser de l’indésirable.

Vous prendrez bin un p’tit verre d’Bénédictine, avant d’me quitter, pas vrai ?

« Oh, que ça fait du bien ! », certifie le guide de haute montagne, en s’essuyant ses lèvres avec sa manche, après avoir bu un p’tit coup au goulot.
Eh oui, les montagnards et les randonneurs apprécient toujours autant les liqueurs à base de génépis (armoises de nos Alpes, et Pyrénées ). Elles entrent d’ailleurs dans la composition de la Bénédictine et de la Chartreuse, boisson élaborée autrefois par des moines.

Dans « l’élixir du révérend père Gaucher » (Lettres de mon moulin), Alphonse Daudet vous en contera l’histoire mieux que moi.

À votre santé !

 

Franz Eugen Köhler, Köhler's Medizinal-Pflanzen, Public domain, via Wikimedia Commons
ABSINTHE – Franz Eugen Köhler, Köhler’s Medizinal-Pflanzen, Public domain, via Wikimedia Commons

 

Source : la magie des plantes, Jacques Brosse.

 

Prochainement,

on parlera du symbolisme de ces plantes, et de cette potion médiévale à base d’absinthe, qui protégeait de la peste, et qu’on utilisait encore au début du… XXe siècle.

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