Une vengeresse nominée au prix Nobel de la paix

Dans ce coin misérable de l’Inde, issue d’une caste défavorisée, son destin semble tracé d’avance…

En 1974, elle a juste onze ans quand son père la marie de force à un inconnu. Mais qui s’en soucie ? c’est juste une fille, pas vrai ? Cependant,  les visages se détournent au passage de l’homme qui traîne la petite derrière lui.

Le soir venu, et nuit après nuit, elle subit les abus de son époux jusqu’au jour où une maladie commence à l’affaiblir. C’est sa chance : son mari n’a aucune envie de s’en occuper, alors, il la chasse.

Mais où peut-elle aller lorsque toutes les portes  se ferment sur elle ?

Elle pense à ses parents, à son village où elle espère y trouver un refuge, un peu de douceur, un peu de tendresse. Alors, elle y retourne, mais là, considérée comme impure, elle est de nouveau violée, sans que personne ne bouge.

Malgré sa jeunesse, elle crie la vérité, réclame justice. En retour, elle ne reçoit qu’une fausse rumeur, la décrivant comme membre d’un gang d’intouchables qui pillent les habitations. Sous ce préteste et sans aucun  procès,  la police l’arrête et l’emprisonne.

Sous les abus commis par ces représentants de l’ordre, elle réalise que rien ni personne ne protège la femme.

En 1979, à l’âge de 16 ans, elle est relâchée.

Son désir de justice ne cesse alors de la tenailler, devient une obsession. La vengeance, son but.

Elle n’a plus peur.

Le mépris des hommes l’indiffère. Qui sont-ils pour la juger ?

Malheureusement pour elle, l’imprévu casse ses plans : un gang d’intouchables vient de la kidnapper. Toutefois, en son sein, un futur leader la protège, la respecte, la défend… Pour la première fois, elle ressent quelque chose de tendre pour un homme, une envie de rester à ses côtés, de l’aimer. Alors, ensemble, animés par le même objectif, ils volent, pillent et redistribuent les richesses des nantis aux démunis.

Mais tout a une fin. Surtout quand le pouvoir  suscite la jalousie.

Oui, son compagnon, son protecteur, son amour, épris comme elle de justice, est assassiné par un gang rival. Elle reste, là, sans défense face à ces meurtriers qui aussitôt l’ entraînent dans une caste supérieure, et l’exposent nue  …

Trois semaines plus tard, elle parvient à s’échapper.

Et tout s’accélère.

Elle crée une armée de hors-la-loi, devient la « Reine des bandits » qui dérobe aux riches pour donner aux pauvres .

Rien ne l’arrête. Et encore moins, en 1981, quand elle organise le massacre des 22 hommes de haute caste qui l’avaient violée collectivement.

Traquée par la police, elle finit par se rendre.

Onze ans de prison.

Cependant, son histoire ne se clôt pas entre des murs sordides.

En 1994, à 31 ans, elle retrouve la liberté. Comme dans un conte de fées, sa vie prend un tournant radical.

Soutenue par le parti socialiste, elle entame une carrière politique. En 1996, elle entre au parlement et s’empresse de promulguer des lois en faveur des opprimés.

Deux ans plus tard, candidate au prix Nobel de la paix, elle perd face à deux hommes œuvrant pour la paix en Irlande du Nord.

Cela n’entrave pas sa lutte contre les injustices et les abus envers les femmes. Elle poursuit son combat jusqu’à son assassinat, le 25 juillet 2001, à New Delhi.

Ainsi se termine l’histoire de la Reine des bandits qui, enfant, a peut-être rêvé de devenir une princesse.

Elle s’appelait Phoolan Devi, et son parcours reste gravé dans les mémoires.

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